EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE ITINERANTE DANS LE GHT COEUR OCCITANIE ‘LA FRAGILITE DE LA PERSONNE HOSPITALISEE ET HEBERGEE

PRESENTATION DU PROJET
Dans le projet la Fragilité, Aline Chambert, responsable qualité, gestionnaire des risques, chargée de communication et également photographe auteur demande à des personnes hospitalisées ou en hébergement, à partir de la définition tirée du petit Larousse d’illustrer la fragilité. En parallèle, elle lance une consultation auprès des professionnels pour scénariser la fragilité du patient ou du résident.
A partir de ce recueil, Aline Chambert réalise la photographie quelle qu’elle soit et où qu’elle soit, l’image est ensuite présentée en atelier ou groupe de paroles aux patients/résidents. L’image choisie peut être un souvenir, un lien avec l’enfance, un repère du quotidien perdu, une image pour revoir quelque chose ou quelqu’un, pour échapper à l’isolement, ou bien encore un substitutif à ce que les patients/résidents n’ont pas pu voir ou faire. Le choix d’une seule image représente un retour à l’essentiel, d’une photographie qui serait réellement importante et qui a du sens pour eux. C’est une image qui devient un moment privilégié comme une fenêtre sur le monde intime du patient /résident et un moment de vie pendant sa maladie ou son hébergement.
C’est avant tout une rencontre entre photographe, patient et professionnel, un partage, matérialisé dans une réalisation photographique personnalisée.

LES ORIGINES DU PROJET
Dans le projet la Fragilité intervient une réflexion sur le cadre et l’environnement de la chambre d’hôpital. En étant professionnelle dans l’établissement, j’ai eu l’occasion de travailler dans beaucoup d’hôpitaux différents où les chambres étaient relativement similaires. Je me suis interrogée sur ce lieu qui représente un espace clos, avec peu d’ouverture sur le monde extérieur et dépersonnalisé avec un mobilier identique dans chaque chambre. Les patients ne peuvent pas en sortir tant que leur état de santé ne le permet pas et parfois, les hospitalisations peuvent être longues et pour les résidents c’est leur dernier domicile. Après la période du virus COVID et les mesures drastiques, je me suis questionnée sur la façon dont une personne appréhende aujourd’hui une hospitalisation, un hébergement, j’ai vu des couloirs de bloc opératoire tapissés de matière plastique pour éviter la propagation, des soignants dans des tenues de ‘cosmonaute’, à quoi un patient, un résident va-t-il se raccrocher dans ces univers aseptisés et bien souvent impersonnels ?
Comment échapper de façon temporaire à cet enfermement ? Comment est-il vécu ? Dans ce projet, la photographe tente d’être un « médiateur » entre l’intérieur de la chambre, les couloirs et le monde extérieur dont le patient/résident n’a pas ou plus accès. Il ne s’agit pas de n’importe quelle image mais une qui soit symbolique et qui ait du sens pour eux. La réalisation de l’image demandée par le patient, résident est à chaque fois un défi photographique qui parfois engendre une certaine responsabilité et où la question du temps est omniprésente. Le défi est de retranscrire et de mettre en image ses mots avec un souci d’objectivité.
Parfois l’urgence s’impose, entre la photographie réalisée présentée, la fin de vie approche, alors la photographe retire de la série la photographie avec un pincement au cœur mais le cliché est offert à la famille. Ainsi une fratrie, mère et fils, en établissement d’hébergement, Madame a souhaité réaliser un portrait avec son fils en situation de handicap en se penchant sur lui d’une façon tout à fait propre à leur intimité, leur amour, en noir et blanc avec un halo de lumière les entourant, le jeune-homme est décédé quelques jours après, la photographie trône dans la chambre de Madame.

BÉNÉFICES DE L’IMAGE RÉALISÉE
L’image réalisée apporte du bien-être, de l’émotion aux patients et résidents et personnalise leur chambre d’hôpital. Elle représente un repère sur lequel ils peuvent s’appuyer le temps de leur hospitalisation, hébergement et participe à leur prise en soin. Cette approche artistique transforme pour un temps le corps malade, âgé en un corps de ressentis et d’émotions, corps de vie retrouvée. Plus qu’une simple image, la photographie réalisée est ensuite sources d’échanges, de découvertes avec les soignants et la famille. Chaque image de la série photographique est présentée avec Madame/Monsieur et l’initiale de son nom, son service d’hospitalisation, ou la date de son entrée en établissement et le texte de sa demande. Les photographies demandées par les patients sont variées selon leurs vécus, leurs cultures et leur histoire apportant diversité et richesse au projet.

J’ai également souhaité alerter les professionnels sur tous les objets qui paraissent anodins et qui sont vitaux pour les patients, les résidents : un foulard, un ours en peluche, le déambulateur … Tous les repères sont nécessaires pour se rassurer. Une façon de lutter contre la maltraitance ordinaire également d’un déambulateur déplacé, d’un ourson décroché du mur au moment de la mise en hygiène de la chambre, un foulard oublié …

LE PUBLIC BENEFICIAIRE

  • Exposition présentée aux patients, résidents et aux familles, proches de l’établissement de santé pilote
  • Exposition itinérante dans le cadre du GHT Cœur d’Occitanie accompagnée d’un film ‘la Fragilité’ reprenant la méthodologie et les paroles des patients/résidents ainsi que la photographie, déployée dans 7 établissements de santé CHIC Castres/Mazamet, Albi, Revel, Gaillac, Graulhet, Saint-Pons-de-Thomières (pilote) et l’EHPAD la Salvetat sur Agout.
  • Articles Midi Libre (4) – 3 articles dans la Dépêche du Midi, du Tarn

Aline CHAMBERT
Photographe auteur